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L’Apocalypse de saint Jean enluminée


L’art devient catéchèse


Enseignant en art visuel auprès des adolescents, Pascal Meier a enluminé l’Apocalypse de Jean. L’œuvre comporte 67 miniatures réalisées à partir d’un manuscrit du milieu du 10e siècle comprenant d’un côté le texte biblique et de l’autre un commentaire du moine Beatus de Liébana. Louanges colorées, expression de la foi du peintre, les enluminures sont pour ceux qui les regardent une catéchèse, une invitation à la méditation.

 

Lové au pied du Jura, Baulmes est un ancien site clunisien. C’est dans ce petit village calme, au charme pittoresque que vit Pascal Meier, enseignant, peintre, et auteur de l’Apocalypse de Jean enluminée*. Protestant d’origine, Pascal s’est converti au catholicisme. « Dans un moment difficile de ma vie, j’ai rencontré le Père Abbé d’Hauterive (FR). Lors des liturgies auxquelles je participais à l’Abbaye, j’ai ressenti le désir de communier, de recevoir le corps du Christ. Je suis devenu catholique par amour de l’Eucharistie, » confie-t-il.


Pascal Meier, je l’ai d’abord rencontré à travers son livre. J’ai été immédiatement attirée par ses enluminures inspirées de l’art mozarabe. Elles paraissent d’un autre temps et pourtant elles sont si actuelles. Elles sont faites de couleurs vives, intenses mais elles transmettent un message intime, un message d’espérance. Le dessin est à la fois naïf et empreint de symboles. Les images parlent autant au regard qu’au cœur. Ombres et lumières, elles conviennent à la contemplation, à la méditation. Et à méditer quel texte ? Après avoir admiré les enluminures, j’ai réalisé avec surprise qu’elles m’invitaient à revisiter l’Apocalyspe de saint Jean. Parmi tous les textes du Nouveau testament, l’Apocalypse est sans aucun doute, celui que j’ai le moins lu. Il m’a toujours paru avoir été écrit pour des personnes hautement mystiques ou pour des théologiens très intellectuels. Et pourtant…


L’art mozarabe


Fruit d’un cheminement artistique et spirituel, il a fallu plusieurs années à Pascal Meier pour enluminer l’Apocalypse. En 1993, alors qu’il est étudiant à l’Ecole d’art de Lausanne (ECAL), il découvre le « Livre de feu » d’Henri Stierlin et l’art mozarabe. Il est conquis par les miniatures et le mode d’expression qui est à l’antipode de ce qu’il apprend à l’ECAL. « J’ai contemplé l’Apocalypse à travers les images, j’ai été happé. Le style mozarabe est simple, sobre, enfantin, avec des couleurs saturées juxtaposées les unes à côté des autres. C’est un style calligraphique sans virtuosité du trait, mais il est l’illustration d’un certain savoir. Les miniatures, datant du 10e et 11e siècles, ont une place importante dans le texte. Parfois l’image couvre une double page. Elle n’est pas uniquement là pour décorer le texte, elle est une invitation à la méditation. J’ai fait des liens entre les textes et les images. Ce qui m’a surtout intéressé au départ, c’est la démarche » reconnaît-il. Le terme mozarabe désigne les chrétiens d’Espagne qui conservèrent leur religion sous la domination musulmane tout en adoptant la langue et certaines coutumes arabes, entre 711 et 1492. Cependant, il m’explique qu’il est très difficile de définir l’origine de cet art, spécifiquement chrétien et très figuratif.


En découvrant l’art mozarabe, Pascal n’a pas l’intention au départ de méditer l’Apocalypse. Il fait des recherches sur cet art, étudie, lit… Et puis il laisse passer le temps. « Il faut aussi savoir se laisser traverser par une autre Lumière, celle donnée par Dieu, » dit-il.


De la peinture à l’écriture


En 2000, il se penche à nouveau sur les enluminures mozarabes. Après avoir peint les enluminures, un ami lui conseille de commenter son œuvre. Documentation, réflexion, prières, il troque ses pinceaux pour la plume. Ainsi naît l’ouvrage.


« On ne peut pas tout dire de l’Apocalypse. Le langage symbolique de l’Apocalypse est important, mais il ne faut pas s’attacher aux détails. Par exemple, pourquoi rester accroché aux nombres qui sont dans l’Apocalypse au détriment du reste du texte ? Je pense que nous voyons trop l’Apocalypse comme une prophétie. Il faut aller au-delà et remettre le Christ, qui s’est incarné, au cœur du texte. »


Pascal Meier avoue que plus il lit l’Apocalypse, plus il se sent rassuré. « C’est un message de Salut, soutient-il, il faut le ruminer. Il faut se laisser traverser par la Parole et demander à l’Esprit saint de nous guider. L’Esprit vient toujours, mais tout dépend de la manière dont nous l’accueillons. » Pour Pascal Meier,  le théologien est avant tout un homme de prière. « C’est dans la prière que le véritable théologien peut se révéler ». Ainsi nous pouvons être de grands artistes ou de grands théologiens, mais nous ne pouvons véritablement comprendre un texte et l’enluminer que par la prière avec l’aide de l’Esprit saint.


A travers ces enluminures, Pascal Meier nous invite à découvrir l’art mozarabe et nous redonne envie de lire l’Apocalypse de saint Jean. Mais bien plus que cela, il nous engage dans ce monde de l’image, à une conversion du regard, du cœur et de l’intelligence. L’Apocalypse de Jean n’est pas un livre que pour les mystiques ou les théologiens, l’Ecriture sainte est adressée à tout croyant qui s’ouvre à l’Esprit.

 

 

Véronique Benz (rédactrice en chef du bimensuel d’Evangile & Mission)

 

Automne 2010

 

 

Baulmes - Livre

 

Le professeur écrivain

 

 

Pascal Meier, professeur de dessin depuis de nombreuses années, apprécié et très à l'écoute de ses élèves, s'est lancé, il y a une dizaine d'années, dans l'écriture d'une oeuvre très spéciale. En effet, très croyant, il a choisi de s'exprimer sur le thème de la religion, par le biais de miniatures peintes et repeintes au fil des siècles.

 

Intitulé "L'Apocalypse de Jean enluminée", son livre regroupe ses peintures retravaillées par Pascal Meier, ses commentaires sur l'Apocalypse et ses représentations picturales. "A ce moment-là, je me suis dit : C'est ça. C'est à ce propos que je veux m'exprimer". Mais au vu de son jeune âge, il décida que ce n'était pas le bon moment et a donc remis à plus tard. Dans ce but, il fit un travail digne des "Experts de Manhattan", comme il le dit très bien lui-même. Images collées au mur, lecture de textes... Commenter ces miniatures est une tâche ardue et il faut faire attention à beaucoup d'éléments lorsque l'on parle d'un sujet aussi sensible.

 

Pour lui, l'essentiel est de comprendre que l'Apocalypse n'a pas grand-chose à voir avec les catastrophes telles que Fukushima. Cela va beaucoup plus loin, mais ce serait bien trop complexe à expliquer ici.

 

Pour vous faire une idée de son bouquin, ouvrez dans "google.books", vous y trouverez des extraits.

 

Katy Josi (l'Omnibus, journal de la région d'Orbe, n° 280)

 

15 juillet 2011

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